Un jour qu'il faisait nuit

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© France Diplomatie

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"Il s’envola au fond de la rivière.
Les pierres en bois d’ébène, les fils de fer en or et la croix sans branche.
Tout rien.
Je la hais d’amour comme tout un chacun.
Le mort respirait de grandes bouffées de vide.
Le compas traçait des carrés et des triangles à cinq côtés.
Après cela il descendit au grenier.
Les étoiles de midi resplendissaient.
Le chasseur revenait carnassière pleine de poissons
Sur la rive au milieu de la Seine.
Un ver de terre, marque le centre du cercle sur la circonférence.
En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours.
Alors nous avancions dans une allée déserte où se pressait la foule.
Quand la marche nous eut bien reposé nous eûmes le courage de nous asseoir
puis au réveil nos yeux se fermèrent et l’aube versa sur nous les réservoirs de la nuit.
La pluie nous sécha."

Robert Desnos
Dans Corps et biens, 1930
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C'est un texte que j'ai étudié pour le Bac de français et pour lequel j'ai eu un vrai coup de cœur. Aujourd'hui, j'ai envie de le travailler graphiquement dans l'espace public. Je trouve qu'il illustre parfaitement cette citation de Jacques Rancière dans Le spectateur émancipé :

Les mots ne sont pas à la place des images.
Ils sont des images, c’est-a-dire des formes
de redistribution des éléments de la représentation.
Ils sont des figures qui substituent une images
à une autre, des mots à des formes visuelles
ou des formes visuelles à des mots.

La typographie, les lettres, les mots, me semblent être des supports privilégiés et un moyen adapté pour offrir aux spectateurs un espace d'expression partagée et de subjectivité. C'est un terrain d'appropriation et d'interprétation, et tout particulièrement ce texte qui par l'absurdité de ses vers laisse une totale liberté à l'imagination du lecteur.

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